Construction bois : l’âge d’or déjà derrière nous ?
Il y a dix ans, la construction bois était sur toutes les lèvres : symbole d’innovation, promesse écologique, matière d’avenir pour la Suisse. Sur le terrain, écoles, logements, équipements publics et même grands ensembles se mettaient à pousser en ossature bois, dopés par une politique fédérale et cantonale très incitative.
Aujourd’hui, un constat s’impose : la vague de fond s’est muée en courant plus raisonnable. Pourquoi ?
L’envers d’un engouement
La filière bois suisse a connu une croissance rapide. Mais, comme souvent, l’accélération révèle ses propres limites :
- Flambée des prix du bois au lendemain de la pandémie : les budgets des chantiers s’en sont ressentis, freinant certains maîtres d’ouvrage.
- Pénurie de certains produits transformés, retardant les projets.
- Nouvelles réglementations thermiques : les exigences sur la protection contre la surchauffe estivale complexifient la conception bois, surtout dans les milieux urbains denses.
- Réchauffement climatique : plus qu’un slogan, la succession de canicules a changé la donne. Faible inertie thermique du bois, confort d’été à garantir : il ne suffit plus de viser le “bâtiment passif” pour rassurer.
Pose de la structure bois sur le chantier de surélévation RBR.
Réalité de terrain : un nouveau pragmatisme
Dans notre pratique, nous avons vu des maîtres d’ouvrage séduits par la démarche bois… puis refroidis par l’arithmétique. Certains projets sont finalement revenus à des solutions mixtes (bois-béton, bois-pierre), ou ont privilégié le béton pour les zones sensibles à la chaleur.
Nous le disons sans tabou : le “tout bois” dogmatique n’est plus à l’ordre du jour. Mais la filière ne recule pas pour autant.
- Les professionnels s’adaptent, innovent : préfabrication, isolation biosourcée, intégration de terre ou de pierre pour renforcer le confort d’été.
- Les plateformes comme holzbaukultur.ch ou les Rencontres romandes du bois témoignent d’un écosystème vivant, qui documente, partage, se questionne.
L’avenir : composer, et non opposer
Pour nous, la maturité architecturale, c’est de savoir choisir les bons matériaux pour chaque contexte.
- Le bois reste un atout majeur pour la rapidité, la préfabrication, la légèreté, la beauté naturelle.
- Le béton, la terre, la pierre apportent inertie et confort dans les zones exposées.
L’innovation, ce n’est pas choisir entre tradition et modernité : c’est conjuguer, hybrider, expérimenter – toujours dans l’intérêt du lieu et de ses usagers.
Conclusion : du discernement, pas du dogme
La construction bois n’a pas dit son dernier mot en Suisse : elle poursuit sa mue, s’adapte, et garde une forte valeur d’exemple pour la transition écologique. Mais le climat, les coûts, la technique rappellent qu’il n’existe pas de recette miracle.
Notre responsabilité d’architectes ? Rester lucides, curieux et exigeants – pour bâtir des ouvrages vraiment durables, et non simplement “dans l’air du temps”.
Envie d’en discuter pour votre projet ? Notre équipe est à disposition pour explorer toutes les solutions, du bois à la pierre en passant par l’innovation biosourcée.
